resurrection of the little matchgirl

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          Une jeune fille déambule sous la neige dans des rues sombres en essayant de vendre des briquets…

          Yi, un jeune homme hâbleur, rêve de devenir le champion à la Star Craft Finale, une compétition réunissant les meilleurs joueurs d’arcade vidéo. Son complice Ju, introverti et vivant dans l’ombre de son ami, s’entraîne à ses heures perdues également. Le jour du championnat a lieu et Yi bat l’ancien champion Kim. Mais juste après avoir reçu son prix, Yi est contacté par un homme énigmatique qui lui remet une carte mystérieuse. Peu de temps après, Ju se place devant une console d’une salle de jeux pour se distraire. Il remarque également la jeune fille Hee-Mee travaillant au même endroit qui ressemble étrangement à la petite fille aux allumettes. Alors qu’il sort de l’établissement, il se rend compte qu’il a été happé dans un univers virtuel. Sa mission est d’empêcher la petite fille de vendre des briquets afin qu’elle meure de froid. Mais à l’instant ultime de sa mort, la petite fille devra avoir une pensée pour lui et Ju gagnera la partie. Ju doit aussi affronter des ennemis prêts à tout pour enlever la petite fille et accéder à la place ultime.

 

 

 

 

Première rencontre

 

          Vous avez compris le résumé ? Pas très cohérent mais il résume totalement le film. Ca part dans tous les sens, un peu comme dans un jeu vidéo, sans que l’on puisse trouver parfois un lien entre les différentes scènes. Inspiré avec une liberté toute relative du conte d’Andersen « La Petite Fille Aux Allumettes », « Resurrection… » n’est qu’un prétexte pour aligner des scènes baignant dans une atmosphère de trucages numériques. Les scènes d’actions s’exposent mollement, et si elles avaient pu il y a une dizaine d’années (et encore…) faire illusion, elles se voient largement dépassées actuellement. Tout au plus obtiennent-elles la mention « passable ». Après « Matrix », « eXistenZ » ou encore « Avalon », les coréens ont décidé de faire un melting-pot de ces trois films pour nous livrer une œuvre qui correspondait à sa sortie au plus gros budget cinématographique coréen (10 millions de $). Ne nous laissons pas berner, malgré une avalanche d’effets spéciaux, le film se révèle être un sous-produit bien peu inspiré. Les effets spéciaux à la « Matrix » à deux balles (c’est juste pour faire de l’humour avec ce qui va suivre) comme le « bullet time photography » (le temps de la balle, vous avez compris mon humour ? non… bon ok, j’arrête…) sont usités et usés, mais l’originalité provient notamment de musiques collant de manière insolite aux scènes qu’elles sont censées représenter. C’est un point fort du film (le seul ?) qui marie des scènes de baston avec une musique pop ou jazzy, mais le plus étrange, c’est que ça marche très bien ! Autre moment intéressant, les indications concernant les joueurs, avec leurs avantages et leurs inconvénients, à la manière des jeux vidéos de castagne.

 

 Choix crucial pour le héros

 

          Mais pour comprendre pourquoi un tel film qui dispose d’un budget conséquent mais d’un scénario blafard a pu devenir aussi chaotique, il faut se tourner vers le réalisateur Jang Sun-Woo. Ce coréen qui n’aime pas suivre les modes, doté d’un esprit indépendant, désirait tout simplement réaliser un coup, faire de son film un blockbuster détonnant. Peu importe la manière et la façon d’y arriver, l’argent se prend là où il se trouve, et puisqu’on va le payer royalement (il aura le plus gros salaire jamais payé à un cinéaste coréen), il aurait bien tort d’en profiter. Mais les rumeurs circulent rapidement pendant le tournage. Il viendrait peu souvent sur le plateau et se contenterait de tourner des scènes improvisées. De plus, Jang demanderait sans cesse des rallonges budgétaires contraignant les producteurs à acquiescer, dans le cas contraire, le cinéaste laisserait tout tomber. Pour compenser le manque de scénario flagrant, Jang toujours inspiré sûrement par « Matrix » y a va de sa prolixité avec des bavardages en veux-tu en voilà, notamment au tout début du film (les deux filles en train de se poudrer dans les toilettes) donnant un côté philosophique au ras des paquerettes. Bref, Jang n’en fait qu’à sa tête et ce film qui était pour lui le moyen d’avoir un c.v. béton pourrait bien le classer dans la catégorie des réalisateurs underground, les producteurs y réfléchissant sûrement à deux fois dans l’avenir avant de l’engager.

 

 

 

 

Au cœur du système

 

 

          Certes, le film porte sur une surenchère d’effets spéciaux digitaux, montrant parfaitement où l’argent a été utilisé, mais alors qu’au commencement le long-métrage (d’une durée tout de même de 2 heures) donne dans le côté sérieux , il se voit desservi par des scènes comiques en décalage avec l’esprit du début. En témoigne l’une des premières scènes de combat, avec l’un des protagonistes affublé d’un chapeau. Assurément, c’est rigolo, mais cette légèreté humoristique contraste trop avec la scène de la tentative de suicide par exemple et ne donne pas une identité propre au film. On ne sait donc pas sur quel pied danser, ce qui est bien dommage car d’un style comme dans l’autre, les scènes comiques et sérieuses sont parfaitement rendues. Encore une fois, le scénariste semble perdu dans son univers. Les acteurs, notamment la bande de truands excentriques, sont parfaits. Au top, un acteur transsexuel chevauchant une moto se révèle absolument éblouissant. L’actrice incarnant la petite fille fait pourtant pâle figure, en décalage. En conclusion, le déséquilibre devient le maître mot de ce film et se décline à toutes les sauces. Si vous le visionnez, vous trouverez certainement des choses intéressantes, mais la construction malheureusement bancale en laissera plus d’un pantois. Il est à la limite de l’acceptable, même pour une soirée vidéo, ce qui est regrettable lorsque l’on sait qu’il avait à l’origine la possibilité de devenir une œuvre marquante. Déception donc malgré un trailer des plus prometteurs.

 

 

 

 

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